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Jon Spencer va à l'essentiel et c'est pour ça qu'on l'aime

Dimanche dernier, Jon Spencer faisait son grand retour à la Cartonnerie, 10 ans après sa dernière venue en terre rémoise. Pour l'occasion, exit le Blues Explosion et c'est avec une nouvelle formation, en trio accompagné par la section rythmique des Bobby Lees, que le musicien américain venait défendre ses nouveaux titres mais aussi jouer les classiques sur la scène du Club.

Avant d'entrer dans le vif du sujet et pour lancer les hostilités, c'est le groupe français Tendinite qui assurait la première partie avec un set d'une demi heure joué pied au plancher. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'a pas fallu longtemps au trio pour se mettre une bonne partie de la salle dans la poche grâce à une prestation énervée entre punk et hardcore. C'est tout à l'honneur du groupe tant il n'est jamais facile de faire face à une foule qui attend le show principal impatiemment. L'excellente performance de Tendinite (qui plus est sans leur bassiste habituel) est donc à signaler. 

"Difficile d'imaginer le succès de la vague garage des années 2000 sans lui"


Cependant tout le monde était bien là pour le plat principal et c'est vers 20h que la star du soir a fait son entrée devant un public rémois qui semblait globalement conquis d'avance par le natif de la Nouvelle-Angleterre. Véritable icône du milieu garage rock US depuis 35 ans, Jon Spencer a fait chauffer les scènes du monde entier au sein de formations comme Boss Hog, Pussy Galore, Heavy Trash et évidemment le Blues Explosion. Malgré son appartenance au milieu underground et sa musique surtout réservée à un public de niche en France, il ne faut pas ignorer l'influence que le bonhomme a eu sur le rock moderne. Difficile, par exemple, d'imaginer le succès des White Stripes et de toute la vague garage des années 2000 sans lui. Bref, Jon Spencer est un vieux briscard, un bandit du rock à l'ancienne qui est parvenu à conserver son indépendance depuis toujours et, bonne nouvelle, a 60 ans passé il est venu apporter la preuve qu'il en avait encore sous le pied pour faire le show.

"Jon Spencer trace sa route avec un son intemporel et inchangé depuis ses débuts"


Le secret de sa longévité tient surement dans le fait qu'il a toujours su s'entourer de musiciens hyper talentueux comme avec ce dernier projet en date où il collabore avec la jeune mais hyper efficace section rythmique des Bobby Lees. Ainsi Jon Spencer trace sa route avec un son intemporel et inchangé depuis ses débuts et c'est bien là tout le miracle de la musique de l'américain. Avec son mélange de garage rock, à base de guitares lourdes bourrées de fuzz, de blues des origines et de soul, il n'a jamais eu pour objectif de surprendre ses auditeurs ni de suivre les modes mais semble détenir, par contre, le secret d'une formule imparable dont la puissance et le groove sont décuplés en live. 

"En jouant de son charisme si particulier, digne d'un Elvis sous speed"


Connu pour ses prestations scéniques d'une intensité incroyable, le frontman est, en effet, venu rappeler à tout le monde qu'il n'avait rien perdu de son énergie, ni de son savoir-faire lorsqu'il s'agit de se mettre une audience dans la poche. En jouant de son charisme si particulier, digne d'un Elvis sous speed, et des oscillations déjantées de sa voix, c'est en deux petites minutes et un premier morceau interprété avec une précision rythmique folle et une férocité tirant vers le punk que le public a pu prendre conscience que Jon Spencer était bel et bien le real deal. C'est d'ailleurs ce qui a frappé tout au long de la performance du groupe. Il s'est dégagé du concert une impression d'urgence absolue et c'est avec un désir d'enchainer les morceaux sans temps mort que le groupe a réussi à lessiver le public présent dans la fosse à grand coups de riffs de guitare explosifs sans abandonner pour autant le sens du groove fiévreux qui a fait la réputation du musicien tout au long de sa carrière. En fait, à l’exception d’un court aparté sur les bienfaits du petit déjeuner à base de cornichon et de baguette, en français (très approximatif) dans le texte, c’est à la vitesse de la lumière que le groupe a fait exploser les oreilles du public en jouant à la fois des titres du nouvel album et les immanquables de sa discographie, un monumental Bellbottoms en tête, sans laisser à quiconque le temps de souffler. 


Finalement, c'est au bout d'une heure et demie de show et après trois morceaux joués lors d'un rappel intense sous les applaudissements inlassables des chanceux présents au Club, que le trio a quitté la scène de la Carto comme il était apparu. Sans en faire des caisses et en remerciant humblement l'assistance de s'être déplacée un dimanche soir. Parce que, oui, en plus de ça quand il abandonne brièvement sa persona iconique, Jon Spencer a l'air modeste. En somme, la grande classe.




Remi Zackarius

Crédit photo : Bart Hess ©




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